Cette belle histoire d'amitié entre une fillette solitaire (merveilleuse Pénélope PALMER) et un jardinier muet se situe à mille lieues des fastidieuses variations sur le thème de Lolita. Le film de Raphaële BILLETDOUX, adapté de son propre roman, évite tous les pièges de la bluette pédophile pour explorer au plus profond le mystère d'une alchimie entre deux êtres exceptionnellement sensibles et douloureux, égarés dans un monde qui les dédaigne autant qu'ils s'en défient.
Le rôle du jardinier Marcel est sans conteste l'un des plus bouleversants tenus par Klaus KINSKI. Pour l'occasion, le comédien "renoue avec son passé de mime et évite tout effet facile. Pourquoi chargerait-il sa composition alors qu'un regard lui suffit pour faire saisir au spectateur tout le chagrin et toute la solitude de cet exilé de l'amour ? Kinski montre ici de nombreuses facettes de son talent. Tendre et violent, enfantin et grave, innocent et pervers, il est constamment poignant. Du grand art." (Philippe Rège, in "Klaus Kinski", éditions Pierre-Marcel Favre, 1987)
Contrairement à l'auteur de ces lignes, je ne vois guère de perversion chez le personnage, pas plus que dans ses relations avec la jeune Elizabeth. C'est bien au contraire la pureté de leur affection qui nous touche aux fibres ; reposant sur une tendresse instinctive, presque animale, où la sensualité est le fruit d'un accord impérieux entre deux sensibilités vibrantes plutôt que d'élans sexuels, leurs rapports sont d'une innocence absolue, presque édénique, et nous font entrevoir ce que peut être l'amour saisi à la source du cœur.
Contrairement à l'auteur de ces lignes, je ne vois guère de perversion chez le personnage, pas plus que dans ses relations avec la jeune Elizabeth. C'est bien au contraire la pureté de leur affection qui nous touche aux fibres ; reposant sur une tendresse instinctive, presque animale, où la sensualité est le fruit d'un accord impérieux entre deux sensibilités vibrantes plutôt que d'élans sexuels, leurs rapports sont d'une innocence absolue, presque édénique, et nous font entrevoir ce que peut être l'amour saisi à la source du cœur.
Le tournage ne refléta pas une telle harmonie, selon Raphaëlle BILLETDOUX : "Avec KINSKI, c'était un vrai cauchemar. A un moment, j'ai eu la tentation d'arrêter là, ce n'était plus possible de continuer le tournage avec lui. Par exemple, lors de la scène du bain que KINSKI prépare pour la jeune fille : elle était déjà très angoissée à l'idée de tourner une scène nue, même tournée de façon très pudique. J'avais réduit l'équipe technique au minimum et réglé la scène de façon à ce que KINSKI lui tourne le dos (ainsi qu'à la caméra), au moment où elle devait entrer dans la baignoire. Il a alors piqué une crise : "Quoi ?! Moi tourner le dos ?! Jamais ! Et puis, je veux la voir toute nue..." Mais vous savez, KINSKI, c'est... spécial. Je veux dire, il en fait tellement pour être détestable qu'il en devient presque touchant..." (Conférence du Festival Aspect du cinéma Français '80, juin 1980)
Par la grâce de la mise en scène, ces tensions ne se perçoivent jamais dans le film, qui demeure de bout en bout un bijou de subtilité et d'atmosphère (rarement a-t-on aussi bien filmé la campagne désolée du Nord de la France, ses nuits désertes et ses petits matins brumeux.) Mention spéciale à la sublime partition de Vladimir COSMA, qui vous hante longtemps après que se soit effacée la dernière image.
Une œuvre précieuse, dont on regrette amèrement qu'elle soit la seule de son auteure au cinéma.
Par la grâce de la mise en scène, ces tensions ne se perçoivent jamais dans le film, qui demeure de bout en bout un bijou de subtilité et d'atmosphère (rarement a-t-on aussi bien filmé la campagne désolée du Nord de la France, ses nuits désertes et ses petits matins brumeux.) Mention spéciale à la sublime partition de Vladimir COSMA, qui vous hante longtemps après que se soit effacée la dernière image.
Une œuvre précieuse, dont on regrette amèrement qu'elle soit la seule de son auteure au cinéma.
Extrait :