samedi 28 avril 2012

SACRIFICES (The Laughing Dead, S.P. SOMTOW, 1989)


L'article qui suit fait partie d'un dossier que j'ai consacré à l'acteur, réalisateur et romancier Tim SULLIVAN dans le n°23 de Medusa Fanzine.



Le Père O'SULLIVAN (Tim SULLIVAN), protecteur des adolescents en difficulté, organise un voyage au Mexique à vocation ethnologique, devant se dérouler durant la fameuse Fête des Morts. Au cours du trajet, il retrouve une jeune femme dont il fut éperdument épris avant d'entrer dans les ordres, et dont l'enfant s'avère être le fils caché du prêtre. Parvenus à destination, les voyageurs se trouvent confrontés à une secte dirigée par le Docteur Um-Tzec (S.P. SOMTOW), adepte des vieux rites Aztèques et grand amateur de sacrifices humains. Le Père O'Sullivan, voulant exorciser une villageoise possédée par un démon, tombe lui-même sous l'emprise de l'esprit maléfique, et se met à dégommer consciencieusement ses compagnons de voyage.


Sorti en DVD au début des années 2000 dans l'anonymat le plus complet et à seule fin d'alimenter les bacs à solde, Sacrifices constitue une aimable surprise pour l'amateur de séries Z estampillées eighties. Ce mix invraisemblable des Oiseaux se cachent pour mourir et de Evil Dead, qui suscite la plus grande méfiance sur le papier et promet d'être ringardissime, est au final plutôt bien torché. Son premier intérêt est de se situer au sein de cette Fête des Morts mexicaine, si peu exploitée par le cinéma et pourtant si propice à susciter une atmosphère macabre et bariolée hautement photogénique.
Bien que disposant de moyens financiers hyper limités, S.P. SOMTOW (alias Somtow SUCHARITKUL) restitue avec talent, en courtes vignettes bien choisies, le climat baroque et putride qui baigne l'un des plus grands romans de la littérature britannique, Au-dessous du volcan de Malcolm LOWRY.


Pour le reste, le film bat le rappel de tous les poncifs du cinéma d'horreur en vigueur à l'époque : possession démoniaque débouchant sur une transformation spectaculaire (ici plutôt discrète, mais soignée), élimination systématique et métronomique des protagonistes, effets gores habilement répartis au fil du métrage, créature machiavélo-caoutchouteuse déboulant au climax. Si l'intrigue bat le clou, son illustration est sauvée par un ton et une mise en images cartoonesques propices à des délires assumés - ainsi cette scène qui voit le Père O'Sullivan, en pleine crise de possession, arracher le bras de l'un des voyageurs et le lui enfoncer profondément dans la gorge, ou le finale carrément dadaïste au cours duquel les héros survivants détruisent les forces du mal à l'issue d'un match de basket improvisé dans des catacombes !


La mise en scène de SOMTOW, le plus souvent fonctionnelle et routinière, s'offre néanmoins quelques flambées de violence et se distingue surtout par une vraie aptitude à tirer le meilleur parti des décors mis à disposition. En tant que comédien, notre homme n'est en revanche guère inspiré, et sa prestation vous vaudra sans doute quelques moments de franche rigolade.
Pour son premier rôle à l'écran, qui plus est en vedette, Tim SULLIVAN fait preuve d'une aisance étonnante. Il apporte à son personnage stéréotypé une réelle épaisseur humaine et une densité qui n'étaient certes pas indiquées dans le script. Sa présence n'est pas sans évoquer celle des jeunes premiers -- en l'occurrence un peu mûris... -- du cinéma hollywoodien des années 1950 ; on pense à un Tyrone POWER ou un Edmund PURDOM plus matures (à plus d'un titre, par son rôle et sa prestance, SULLIVAN rappelle le curé taré campé par PURDOM dans Horrible de Joe d'AMATO.)


Notons enfin que SOMTOW est un auteur de romans fantastiques populaire aux Etats-Unis. Ceux qui voudraient se faire une petite idée de son talent littéraire peuvent aller piocher dans le recueil de poèmes horrifiques pour enfants, Tous malades !, publié chez Bragelonne, où SOMTOW signe le texte le plus pervers et rentre-dedans, une sombre comptine narrant les sacrifices (encore !) commis sur leur famille par d'aimables bambins sataniques et vicelards.

Hadopiser ici, en DVDRip et V.F.

jeudi 19 avril 2012

SOUNDTRACK : FULL CIRCLE (Colin TOWNS, 1977)



Pistes :

01 : Theme from Full circle – The Park
02 : Have you got a magnificent problem ?
03 : Pretty men are very receptive
04 : Kate
05 : Olivia
06 : Love scene
07 : Magnus – The Unwelcome intrusion
08 : Full circle (Everything's right now)
09 : Trumpet concerto for string orchestra – Movement # 1
(Conducted by Allan Wilson ; Trumpet soloist : Graham Ashton)
10 : Trumpet concerto for string orchestra – Movement # 2
(Conducted by Allan Wilson ; Trumpet soloist : Graham Ashton)
11 : Trumpet concerto for string orchestra – Movement # 3
(Conducted by Allan Wilson ; Trumpet soloist : Graham Ashton)
12 : 1930 Cityscape (Baritone sax : Phil Todd)

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Everything's right now (piste 08)
(une vidéo de davidfromlille)

mercredi 4 avril 2012

HISTOIRES EXTRAORDINAIRES (série, 1981)


En 1981, FR3 diffusa une série de 6 adaptations de nouvelles d'Edgar POE, réalisées par Claude CHABROL, Alexandre ASTRUC, Maurice RONET, Juan Luis BUNUEL et Ruy GERRA. De qualité très inégale, cette série constitue néanmoins un bon exemple d'un fantastique télévisé "à la française" tel qu'il se pratiquait (très rarement) il y a trente ans. En voici trois épisodes (60 minutes chacun), retrouvés miraculeusement sur une vieille cassette VHS. Il s'agit d'enregistrements d'une rediffusion sur Arte qui doit dater du début des années 2000, et qui s'inscrivait dans une "Soirée Thema" consacrée à POE. Sauf erreur, je dois détenir quelque part deux autres épisodes, que je partagerai ici si je parviens à remettre la main dessus -- et si les copies ne sont pas trop abîmées, car il s'agit d'enregistrements plus anciens...

LA CHUTE DE LA MAISON USHER (Alexandre ASTRUC, 1980)


Vouant un véritable culte à cette nouvelle qui m'obsède depuis l'enfance, j'attendais beaucoup de la redécouverte de cet épisode signé par l'inventeur du concept de la "caméra stylo", également réalisateur d'une splendide adaptation de Barbey D'AUREVILLY, Le Rideau cramoisi... Las ! L'opus est franchement faible. Statique, théâtral dans le pire sens du terme (une théâtralité économe et figée), et surtout calamiteusement interprété par une Fanny ARDANT au jeu d'une fausseté confondante et un Pierre CLEMENTI aboulique. Mathieu CARRIÈRE s'en tire un peu mieux en Roderick Usher, sans exercer néanmoins la fascination qu'il sut fréquemment dispenser au long de sa carrière. Bref, on est très loin de la magie de la version d'EPSTEIN, de la flamboyance du film de Roger CORMAN, ou même du délire expressionniste de la très libre adaptation de Jesus FRANCO. Les dialogues sont parfois d'une maladresse insigne dans l'emploi de termes fort peu "d'époque", et le dénouement, qui tente un twist faisandé, n'a plus rien à voir avec POE. A saluer néanmoins une très belle partition (comme d'hab') de Georges DELERUE.


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LIGEIA (Maurice RONET, 1980)


Un poil meilleur que le "Usher", cet épisode possède une atmosphère plus gothique et trouve parfois de vrais accents "poësques". Maurice RONET soigne sa mise en scène, à laquelle il insuffle un certain lyrisme dans quelques séquences, et sa direction d'acteurs est autrement plus inspirée que celle d'ASTRUC. On est quand même décontenancé de découvrir l'impossible Arielle DOMBASLE en Ligeia ; quoi que trop évaporée pour le rôle, elle parvient à ne pas être horripilante, ce qui relève de l'exploit.
Avec Josephine CHAPLIN et Georges CLAISSE.


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LE SYSTÈME DU DOCTEUR GOUDRON ET DU PROFESSEUR PLUME (Claude CHABROL, 1980)


La grande réussite du lot. Claude CHABROL, qui sut toujours porter sur le réel un regard subtilement décalé, donnant à plusieurs de ses films une coloration insidieusement fantastique (lorsqu'ils ne relèvent pas ouvertement du genre, comme son splendide Alice ou la dernière fugue), est particulièrement à l'aise avec cette nouvelle dans laquelle le visiteur d'un asile d'aliénés découvre peu à peu que les malades se sont substitués aux médecins et au personnel soignant. Le sujet convient idéalement au peintre acerbe de la bourgeoisie qu'est CHABROL, qui sut si bien suggérer la folie couvant sous le vernis glacé des conformistes et des nantis. Il s'en donne ici à cœur joie, manifestant avec aisance et jubilation un sens du grotesque très fidèle à l'esprit de POE, particulièrement dans la scène mémorable du banquet où les participants laissent progressivement libre cours à leurs comportements extravagants. Une distribution excellente (le trop souvent sous-employé Jean-François GARREAUD, l'épatante Ginette LECLERC, l'inquiétant Pierre LE RUMEUR et un délirant Michel DELAHAYE parmi les "fous") ainsi qu'un art consommé du baroque contribuent à faire de cet épisode un authentique bijou.


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