dimanche 28 août 2011

THE IDOLMAKER (Taylor HACKFORD, 1980)





"L'un des secrets les mieux gardés du cinéma". C'est par cette formule qu'un commentateur de l'IMDB débute sa critique de The Idolmaker, et si cette assertion est sans doute excessive, force est de constater que le film de Taylor HACKFORD (Dolores Claiborne ; Ray) reste méconnu dans son pays d'origine (sans parler de la France, où il ne fut jamais distribué), malgré de multiples qualités.
Nous y suivons le parcours de Vincent Vacarri (Ray SHARKEY), un employé de restaurant qui s'improvise imprésario et décroche la timbale en lançant deux rock stars, soigneusement façonnées sur le modèle d'Elvis PRESLEY. Librement adapté de la vie de Bob MARCUCCI, "découvreur" de deux des teen idols les plus célèbres des années 60 (Frankie AVALON et FABIAN, qui s'insurgèrent contre le portrait peu flatteur brossé d'eux par le scénario), le film restitue admirablement le ton d'une époque et la frénésie présidant à l'élaboration de stars formatées, n'ayant d'autres atouts qu'une belle gueule et une soif inextinguible de gloire.





L'attrait du scénario réside essentiellement dans le portrait qu'il brosse de Vacarri, infatigable Pygmalion beaucoup plus doué que ses ternes poulains, mais n'ayant pas le physique adéquat pour accomplir la carrière à laquelle ses talents le prédisposent. Aussi concentre-t-il toute son énergie dans la fabrication de ses deux vedettes, et en particulier de la seconde, le pitoyable Caesare (Peter GALLAGHER), dont la promotion nécessite des trésors d'imagination et d'acharnement, et qui lui vaudra un succès aussi gratifiant qu'imprévisible.
Le film repose essentiellement sur l'abattage de son interprète principal, le regretté Ray SHARKEY, totalement habité par un rôle qui demeure le plus marquant de sa carrière (et lui valut un Golden Globe). Tout aussi étonnant, GALLAGHER parvient à nous convaincre de la touchante incompétence de son personnage, avant un revirement d'envergure où, à bout de frustration et d'angoisse, il se mue en idole charismatique par la grâce d'un concert mémorable. Paul LAND est également excellent en première "découverte" de Vacarri, rapidement imbu de son succès et suivant d'un mauvais œil l'ascension de son rival.




Ce film quasi parfait (tout au plus peut-on regretter la frilosité du scénariste Edward DI LORENZO -- auteur de Lady Frankenstein, cette obsédée sexuelle ! -- envers le sous-texte gay inhérent à la fabrication et à l'émergence de ces stars masculines fleurissant dans les années 50-60) ne porta pas chance à ses interprètes -- exception faite de GALLAGHER, qui poursuit une florissante carrière de second rôle. Accro à l'héroïne, SHARKEY finit ses jours dans la misère auprès de sa mère, et mourut prématurément du Sida. Paul LAND abandonna le cinéma après deux autres films sur l'injonction de son épouse jalouse, et mourut en 2007 après s'être reconverti dans le bâtiment. The Idolmaker, dans son refus de tout romantisme et sa vision acerbe du milieu du show-biz, n'en est qu'un plus précieux témoignage de ces talents gâchés. Signalons, pour l'anecdote, que Michael JACKSON et PRINCE le citèrent parmi leurs films préférés.




Hadopiser ici, en DVDRip et V.O.S.T.

Extrait : les débuts de Caesare...

9 commentaires:

  1. Inconnu au bataillon, je vais rattraper ça vite fait grâce à cet excellent post. Merci bbjane !

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  2. Je l'ai regardé hier, une vraie claque! Je savais que Ray Sharkey était bon, mais pas à ce point. MERCI!!!

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  3. Ravie que ce film vous ait plu, Jon D. Je crois vraiment qu'il mérite d'être redécouvert, et c'est un fait : Sharkey n'a pas volé son Golden Globe !

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  4. http://en.wikipedia.org/wiki/Ray_Sharkey

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  5. Merci beaucoup pour le réup BBJane!!!

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  6. Merci pour la découverte, happé par le film de la première à la dernière minute, c'est effectivement "L'un des secrets les mieux gardés du cinéma', il lui manque certes un je ne sais quoi (enfin si je sais) pour être un chef-d’œuvre, mais nom de dieu de nom de dieu, ça fait plaisir de revoir de temps en temps ce genre de perle.

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  7. Film que j'ai fortement apprécie il y a des années (loue la vhs à la qualité image et sonore toute pourrie dans une médiathèque belge quand je faisais mes etudes de cinema)... J'avais adoré, le film m'avait tout simplement hypnotise par son rythme ininterrompu et son aspect "on vous montre tout, c'est un milieux de merde où l'egocentrisme est roi"!!! c’était excellent et le mot est faible!!! Jamais retrouvé et donc jamais revu!!!! ton article a réveillé une envie dévorante de revoir cette perle cinématographique... Envie ajoutée au fait que je viens de croiser l'acteur ray sharkey dans "act of piracy" .... film indigne du talent de cet acteur). Le lien du film est mort... Penses tu qu'il serait possible de le re-up?... (Je sais que ça te prends du temps).
    Merci pour ce super boulot sur ton blog... et pour tes articles intéressants bourrés d’anecdotes fraiches et en quantite... J'adore, J'ADORE!!!!!!!

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    1. Désolée de répondre aussi tardivement, kazi samy. Et merci pour tes compliments, qui me touchent beaucoup. Je n'ai malheureusement plus eu une minute à consacrer au blog depuis plusieurs semaines. Je vais néanmoins remettre la main sur le fichier avi. -- qui se trouve quelque part sur un disque dur externe -- et le reposter la semaine prochaine. Amitiés.

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  8. merci pour la réponse... et tu peux m"appeler samy!!!!! comme tous mes amis ;) J'admire les personnes qui prennent l'initiative de faire découvrir le cinéma avec un C majuscule grace à un blog indépendant et passionné... Je te félicite du fond du coeur

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