mercredi 31 octobre 2012

LA TANTE DE FRANKENSTEIN (Juraj JAKUBISKO, 1987) Série



Voilà un bail que je me promettais de partager ici cette série adaptée des romans pour la jeunesse de l'auteur suédois Allan RUNE PETERSSON, diffusée une seule fois sur FR3 en 1990, et jamais reprise depuis. Halloween est le moment idéal pour m'exécuter. Difficile en effet de trouver programme mieux adapté à cette fête de l'épouvante bon enfant et des trouilles artificielles que cette Tante de Frankenstein, réunissant dans son giron Frankenstein et sa créature, Dracula, un loup-garou, une Dame Blanche (pas le dessert, le fantôme), le bon vieil Igor, une tante excentrique, et tous les poncifs du gothique littéraire et cinématographique.

 La tante (Viveca LINDFORS)

 Dracula (Ferdy MAYNE)

 Le loup-garou (Flavio BUCCI)

Elisabeth, la Dame Blanche (Mercedes SAMPIETRO)

Igor (Jacques HERLIN)

Je n'oublierai jamais ma découverte de cette série, le 6 février 1990, et les délicieux frissons régressifs qui me parcoururent l'échine en pénétrant dans l'univers naïf et chatoyant créé par le cinéaste et scénariste slovaque Juraj JAKUBISKO. Cette série constitue à la fois un hommage inspiré aux films d'épouvante de la Universal, dont elle reprend l'imagerie avec bonheur, et une sorte de prolongement à trente ans de "cinéma bis" européen, dont l'esprit plane sur chaque épisode par la grâce d'un casting absolument "culte". Jugez-en : on retrouve dans la distribution des comédiens aussi emblématiques que Jacques HERLIN, qui œuvra dans quasiment tous les genres du cinéma populaire italien, Eddie CONSTANTINE, notre Lemmy Caution national, Flavio BUCCI, le pianiste aveugle de Suspiria, Ferdy MAYNE, le Comte von Krolock du Bal des Vampires et le Conrad Ragzoff de Horror Star, et l'immense Viveca LINDFORS, qui connut une courte mais brillante carrière hollywoodienne, donna la réplique à KARLOFF dans Chaudron de sang, fut une redoutable tante castratrice dans La Cloche de l'Enfer, et fit un savoureux comeback dans Creepshow (où elle tenait un rôle très proche de celui de cette tante de Frankenstein).

 Albert, la créature (Gerhard KARZEL)

  Aloïs (Eddie CONSTANTINE)

Igor (Jacques HERLIN)

La Tante de Frankenstein reste surtout pour moi associé à ma découverte de Jacques HERLIN, dont l'interprétation d'Igor me marqua durablement, et que je me promis de rencontrer un jour, quoiqu'il m'en coutât. Il me fallut attendre six ans avant de réaliser ce souhait, qui déboucha sur une belle histoire d'amitié et donna lieu, au passage, à une copieuse interview publiée dans le fanzine Medusa n°14. Dès que je lui parlai de La Tante de Frankenstein, lors de notre premier entretien, le regard de Jacques s'alluma. Il considérait la série comme une merveille et l'un de ses meilleurs souvenirs de tournage, et ne tarissait pas d'éloges sur Juraj JAKUBISKO, qu'il tenait pour l'un des réalisateurs les plus talentueux avec qui il ait travaillé (pour un comédien qui fut dirigé par des cinéastes aussi prestigieux que FELLINI, COMENCINI, VISCONTI et Mario BAVA, ce n'est pas un vain compliment...) Il me raconta une foule d'anecdotes sur le tournage, ses relations avec ses partenaires, et sur le plaisir de participer à une entreprise qu'il jugea d'emblée d'une haute tenue artistique.
Voici deux de ses commentaires, au sujet de Viveca LINDFORS et d'Eddie CONSTANTINE :
Viveca LINDFORS : "Elle détesta le réalisateur dès le premier jour. Elle lui disait : "En ce qui me concerne, vous êtes une merde. J'ai signé le contrat, mais je ne suis pas d'accord avec vous. Mon personnage fumera le cigare, que ça vous plaise ou non. Allez vous faire voir !" Et elle avait raison, à propos du cigare. Ça fonctionnait très bien pour le rôle. En fait, je m'entendais plutôt bien avec elle, nous étions assez complices. Elle avait été une grande star 30 ou 40 ans plus tôt."
Eddie CONSTANTINE : "Il n'était pas au mieux de sa forme. Très sympathique, mais un peu bizarre. Nous allions souvent dîner ensemble, et il me demandait parfois : "Pourquoi tu ne me dis jamais que je suis génial ?"... Que voulez-vous répondre à cela ?..."


Un Polaroïd du tournage

Jacques HERLIN en Igor (Photo de tournage)

Extrait du premier épisode :



Hadopiser (en VHSRip - enregistrement télé - et V.F.) :
Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Episode 6
Episode 7


JOYEUX HALLOWEEN A TOUS !

samedi 20 octobre 2012

HOMMAGE A BERNARD FRESSON (27 mai 1931 - 20 octobre 2002)



Il y a dix ans jour pour jour disparaissait l'un des meilleurs comédiens de la scène et de l'écran français, qui se trouve être l'un de mes acteurs favoris : Bernard FRESSON. Près de 90 films, plus de 100 téléfilms et environ 80 pièces de théâtre (dont bon nombre de créations prestigieuses) : la carrière de FRESSON ne fut pas seulement bien remplie, mais également diversifiée et marquée d'un bout à l'autre du sceau de la qualité.
Fils de boulangers établis à Reims, il intégra HEC (Hautes Etudes Commerciales, promotion 53) dont il sortit Major, puis envisagea une carrière sportive avant de suivre des cours d'art dramatique auprès de Tania BALACHOVA. Dès lors, il entama un parcours théâtral des plus nourris, travaillant sous la direction de metteurs en scène prestigieux, de Jean VILAR à Didier LONG, en passant par Roger PLANCHON et Robert HOSSEIN. Des années 1950 à sa mort, il joue sur les planches les œuvres de Marguerite DURAS, Harold PINTER, William SHAKESPEARE, Tennessee WILLIAMS, Bertold BRECHT, August STRINBERG, etc...


Son premier film sera Les Copains du dimanche, qui marque également les débuts de Jean-Paul BELMONDO. Puis Alain RESNAIS lui offre un petit rôle dans Hiroshima mon amour, dont le retentissement considérable lui ouvre une imposante carrière à l'écran. Il incarne le plus souvent des personnages de "français moyens" forts en gueule ou de petits bourgeois mal embouchés, qu'il sauve de la caricature par un sens aigu de la nuance et une humanité constante. Il y a chez FRESSON une acuité de vue et une justesse d'expression qui donnent à ses rôles les plus antipathiques une authenticité confondante, que ce soit sous la direction de  Roman POLANSKI (Le Locataire), d'Henri-Georges CLOUZOT (La Prisonnière), de Serge KORBER (Les Feux de la Chandeleur) ou de Joël SÉRIA (Les Galettes de Pont-Aven, Marie-Poupée).

Les Feux de la Chandeleur (Serge KORBER, 1972)

Avec le temps, il devint l'interprète privilégié de grandes figures historiques et littéraires, principalement à la télévision, où il fut un imposant JAURES sous la direction d'Ange CASTA, un PASTEUR et un Victor HUGO plus vrais que nature, mais aussi JAVERT dans l'une des meilleures adaptations des Misérables réalisée par Marcel BLUWAL, et Garofoli dans le Sans Famille de Jean-Daniel VERHAEGHE. Il fut le premier choix des producteurs de la série Maigret pour incarner le commissaire, mais déclina la proposition par respect pour son ami Jean RICHARD, précédent détenteur du rôle à la télévision, qu'il estimait irremplaçable. C'est finalement Bruno CREMER qui endossa le costume du héros de SIMENON.
En 1975, il obtient le rôle-titre de la série Jo Gaillard, où il est le capitaine d'un navire marchand menant son équipage à la baguette. Le large l'appelle à nouveau plus de vingt ans plus tard dans Entre terre et mer, une autre mini-série à succès où il campe un Malouin des plus coriaces.


 Entre terre et mer (Hervé BASLÉ, 1997)

 Sans famille (Jean-Daniel VERHAEGHE, 2000)

Doté d'une belle voix de baryton, Bernard FRESSON rêvait de devenir chanteur d'opéra : "Mon père m'a donné le goût de l'art lyrique. Il avait ses entrées au théâtre de Reims et, grâce à lui, j'ai vu tous les opéras. J'étais capable de chanter un opéra entier après l'avoir vu une seule fois. Je faisais aussi partie de la maîtrise de la cathédrale de Reims. Seul le hasard en a décidé autrement. Je montais des pièces en amateur, et l'on m'a proposé de faire sérieusement du théâtre. Alors, j'ai accepté."
Le voici en photo devant l'Opéra Garnier, en 1987, dans le costume qu'il portait pour la pièce "Comme on regarde tomber les feuilles" d'Yves MARCHAND, d'après Guy de MAUPASSANT.



A l'occasion de cet hommage au comédien, je vous propose de découvrir le remarquable téléfilm de Fabio CARPI, Les Chiens de Jerusalem. L'action se déroule à l'époque de la première croisade. Le baron de Calatrava (Jean ROCHEFORT) et son écuyer Ramondo (Bernard FRESSON) n'ont aucunement l'âme de guerriers et renâclent à l'idée de mourir en Terre Sainte pour un sépulcre. Ils décident donc de retourner discrètement à leur château où ils entreprendront un voyage imaginaire, s'inventant une chronique théâtralisée pleine d'humour et de rencontres singulières.
Un film drôle, émouvant et subtil, où le talent de deux immenses comédiens s'exprime avec bonheur.


Hadopiser ici, en DVDRip

 

LIENS :

Extrait de l'émission 30 Millions d'amis (1980) sur le site de l'INA, où Bernard nous présente ses cinq chiens et sa basse-cour, dans sa maison de Sèvres (ici).

Le réalisateur Joël SÉRIA évoque Bernard FRESSON, sur Vimeo (ici).

Un court article sur les obsèques du comédien, sur le site du "Nouvel Observateur" (ici).



FILMS AVEC BERNARD FRESSON EN INTÉGRALITÉ SUR YOUTUBE :

HIROSHIMA MON AMOUR (Alain RESNAIS) : ici
JE T'AIME, JE T'AIME (Alain RESNAIS, 1968) : ici
Z (Costa Gavras, 1969) : ici
LES GALETTES DE PONT-AVEN (Joël SÉRIA, 1975) (En 8 parties) : première partie ici 
A CHACUN SON ENFER (André CAYATTE, 1976) (Copie très sombre) : ici
TVFilm : MANÈGE : "LE DÉFI" (Charlotte BRÄNSTRÖM, 1999) (En 7 parties) : première partie ici

mercredi 17 octobre 2012

LE SERGENT (repack)


J'adresse un très grand merci à QUEST&MOVY, qui m'autorise à vous communiquer les liens vers le repack qu'il a réalisé pour le film Le Sergent, avec la version française de ma VHS.
Merci pour ce travail et pour le partage.


Sur Multiupload et en deux parties :
1 - 2

mardi 2 octobre 2012

LENI RIEFENSTAHL, LE POUVOIR DES IMAGES (Ray MÜLLER, 1993)



Qu'on l'adule ou qu'on la haïsse (il n'y a généralement pas de juste milieu), force est de reconnaître en Leni RIEFENSTAHL l'une des personnalités féminines les plus fascinantes et complexes du 20ème siècle. La cinéaste officielle du IIIème Reich, protégée de HITLER et favorite du Dr GOEBBELS (avant de devenir sa bête noire dans les dernières années de la guerre) fut une prodigieuse créatrice d'images, dont les innovations techniques et la puissance de travail suscitèrent l'admiration de réalisateurs aussi divers que Jean COCTEAU, Rainer Werner FASSBINDER, Martin SCORCESE et Steven SPIELBERG.
Le Triomphe de la volonté révolutionna le documentaire d'actualité politique et reste un modèle du cinéma de propagande, et Les Dieux du stade continue d'éblouir par sa perfection graphique et l'audace de sa conception. Mais Leni fut aussi le chantre du romantisme germanique avec La Lumière bleue et Tiefland, une interprète émérite du "film alpin" en vogue dans l'entre deux guerre, et, à près de cent ans, une infatigable exploratrice des fonds marins, dont elle capta des images inédites.



Le documentaire biographique de plus de trois heures que lui consacra Ray MÜLLER en 1993 fit sensation (et polémique) dès sa première diffusion à la télévision allemande, puis au Musée d'Art Moderne de New York et aux Emmy Awards où il fut justement primé. Jugé trop complaisant par les détracteurs de Leni, le film n'est pourtant pas la glorification d'une égérie du national-socialisme que certains ont voulu y voir, mais le portrait passionné (comment ne pas l'être devant une telle figure du cinéma et de l'Histoire du siècle dernier ?) d'une créatrice intransigeante ayant fait de son art un sacerdoce, dans l'ignorance des réalités politiques et sociales de son temps, et de leurs répercussions humaines. On aura toujours beau jeu de reprocher à Leni RIEFENSTAHL, à sept décennies de distance, ses compromissions avec le fascisme ; on aura plus de peine à nier l'influence de son travail sur les générations de cinéastes qui lui ont succédé, et la puissance visionnaire de ses films. Elle fut le témoin fasciné d'un moment convulsif de notre histoire, qu'elle eut le tort de rendre prodigieusement photogénique. Est-ce un crime, ou la preuve d'un monstrueux talent ? Si l'on admet que le génie est libre de se développer sur les terrains les plus accidentés, voire barbares, la réponse ne fait aucun doute : Leni RIEFENSTAHL fut l'une des artistes essentielles de son époque, point barre.





Les colères de Leni (ou quand Leni nie...) : 



Le génie de Leni :



Hadopiser ici, en VHSRip (enregistrement télé), V.O. doublée et sous-titrée.