Qu'on l'adule ou qu'on la haïsse (il n'y a généralement pas de juste milieu), force est de reconnaître en Leni RIEFENSTAHL l'une des personnalités féminines les plus fascinantes et complexes du 20ème siècle. La cinéaste officielle du IIIème Reich, protégée de HITLER et favorite du Dr GOEBBELS (avant de devenir sa bête noire dans les dernières années de la guerre) fut une prodigieuse créatrice d'images, dont les innovations techniques et la puissance de travail suscitèrent l'admiration de réalisateurs aussi divers que Jean COCTEAU, Rainer Werner FASSBINDER, Martin SCORCESE et Steven SPIELBERG.
Le Triomphe de la volonté révolutionna le documentaire d'actualité politique et reste un modèle du cinéma de propagande, et Les Dieux du stade continue d'éblouir par sa perfection graphique et l'audace de sa conception. Mais Leni fut aussi le chantre du romantisme germanique avec La Lumière bleue et Tiefland, une interprète émérite du "film alpin" en vogue dans l'entre deux guerre, et, à près de cent ans, une infatigable exploratrice des fonds marins, dont elle capta des images inédites.
Le documentaire biographique de plus de trois heures que lui consacra Ray MÜLLER en 1993 fit sensation (et polémique) dès sa première diffusion à la télévision allemande, puis au Musée d'Art Moderne de New York et aux Emmy Awards où il fut justement primé. Jugé trop complaisant par les détracteurs de Leni, le film n'est pourtant pas la glorification d'une égérie du national-socialisme que certains ont voulu y voir, mais le portrait passionné (comment ne pas l'être devant une telle figure du cinéma et de l'Histoire du siècle dernier ?) d'une créatrice intransigeante ayant fait de son art un sacerdoce, dans l'ignorance des réalités politiques et sociales de son temps, et de leurs répercussions humaines. On aura toujours beau jeu de reprocher à Leni RIEFENSTAHL, à sept décennies de distance, ses compromissions avec le fascisme ; on aura plus de peine à nier l'influence de son travail sur les générations de cinéastes qui lui ont succédé, et la puissance visionnaire de ses films. Elle fut le témoin fasciné d'un moment convulsif de notre histoire, qu'elle eut le tort de rendre prodigieusement photogénique. Est-ce un crime, ou la preuve d'un monstrueux talent ? Si l'on admet que le génie est libre de se développer sur les terrains les plus accidentés, voire barbares, la réponse ne fait aucun doute : Leni RIEFENSTAHL fut l'une des artistes essentielles de son époque, point barre.
Les colères de Leni (ou quand Leni nie...) :
Le génie de Leni :
Hadopiser ici, en VHSRip (enregistrement télé), V.O. doublée et sous-titrée.
J'ai justement vu et grandement apprécié récemment 'Le triomphe de la Volonté' qui, en dépit de ce que l'on sait, fait effectivement preuve d'une habileté cinématographique impressionnante pour l'époque. L'utilisation du noir et blanc n'a jamais atteint d'ailleurs, à mon sens, une telle puissance dans les images filmées.
RépondreSupprimerVoilà donc un excellent documentaire en vue d'une soirée d'automne :-)
Merci bien BBJ !
Merci RLRobertPhD, je pense que ce documentaire devrait te plaire. C'est l'un des films que j'ai le plus de plaisir à partager sur le blog, Leni R. étant pour moi une véritable obsession, et le travail de Ray Müller une réussite absolue....
SupprimerPour ceux qui veulent voir "Le triomphe de la volonté"
RépondreSupprimerhttps://rapidshare.com/files/400943624/TRIOMPHE_byLOCO.zip
Merci pour ce documentaire ;)
Un grand merci pour ce lien, Locostone !
SupprimerTu as un mail pour que je puisse t'envoyer une invitation pour un blog qui pourrait t'intéresser?
SupprimerAvec plaisir !
Supprimerbbjane@neuf.fr
Entièrement d'accord avec ton texte. Ce documentaire est un excellent souvenir (je le prendrai plus tard), tout comme "La montagne sacrée"...
RépondreSupprimerhttp://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1319-montagne-sacree-la
bbjane as tu bien reçus les liens du repack de sergent ??
RépondreSupprimerNon, Christophe, je n'ai rien reçu. Mais comme j'ai eu un souci avec ma messagerie dernièrement, il est possible que cela soit passé dans les spams. Peux-tu m'envoyer cela à cette adresse : bbjane@neuf.fr ? Merci d'avance !...
Supprimers'est fais ;)
SupprimerMerci pour ce film. Tu as parfaitement raison, elle ne laisse personne neutre, ne serait-ce par son amnésie... Une des clés de son succès tient à l'usage d'un nombre incroyable de caméras, avec des angles de vues parfois insolites. Car, si Léni est une menteuse d'exception, elle fut aussi une monteuse de qualité.
RépondreSupprimerMerci de résister aussi à la privatisation rampante.
@ Savinien : Elle disposait d'un équipement pharaonique pour le tournage des "Dieux du stade", et d'une véritable armada de techniciens zélés ; mais, comme tu le soulignes, tout cela n'aurait servi à rien si elle n'avait été une monteuse d’exception...
SupprimerPour la privatisation, je suis très sensible à ton merci. Je comprends que l'on puisse s'y résoudre pour éviter les tracasseries d'ordre juridique ; étant tranquille (jusqu'ici) sur ce plan, il n'y a aucune raison pour que je privatise -- et si le problème se posait, j'opterais pour la fermeture du blog plutôt que pour le passage en privé...