jeudi 12 mai 2011

UN COUPLE PEU ORDINAIRE (A Rather English Marriage, Paul SEED, 1998)









Reggie Conyngham-Jervie (Albert FINNEY) et Roy Southgate (Tom COURTENEY) se rencontrent à l'hôpital où leurs épouses respectives agonisent. Le premier, un militaire retraité, accueillerait son veuvage sans déplaisir particulier, s'il n'était infichu d'assumer les besognes de la vie courante, tels que ménage, cuisine, repassage et autres joyeusetés dont il se déchargeait volontiers sur bobonne pour mieux courir le cotillon. Le second, beaucoup plus affecté par le décès de sa femme, est une véritable fée du logis mais ne peut souffrir la solitude. Sur le conseil d'une assistante sociale, Jervie se décide à abriter chez lui l'impécunieux Southgate, en qualité d'"homme de compagnie" et de bonne à tout faire. Une relation houleuse de maître et de larbin ne tarde pas à s'établir entre les deux hommes, dont le quotidien est en outre perturbé par les frasques du toujours vert Jervie, qui vient de s'enticher d'une séduisante quadragénaire passablement intéressée (Joanna LUMLEY).





C'est un bonheur sans mélange que de retrouver, quinze ans après leur première réunion dans L'Habilleur, les deux comédiens fétiches de la Nouvelle Vague anglaise des sixties, plus que jamais maîtres de leur art, et très à l'aise dans le registre de la complicité bourrue. Joanna LUMLEY leur donne une parfaite réplique et poursuit avec brio sa reconversion dans les rôles de salopes flamboyantes et excentriques, initiée six ans plus tôt dans la série Absolutely Fabulous (rappelons qu'en 1997, elle fut aussi une formidable Mrs Lovett dans l'adaptation de Sweeney Todd signée John SCHLESINGER).





Plaisir également de retrouver le trop rare Jeremy CLYDE, arrière-arrière-arrière petit-fils du Duc de Wellington (si vous ignorez de qui il s'agit, demandez à Napoléon), et redoutable bailli Gessler dans des Aventures de Guillaume Tell, dont je n'ai pas fini de regretter la non-rediffusion télévisée depuis 1989 (songez qu'on y pouvait croiser Guy MADISON, Harry CAREY Jr., et Guy ROLFE, entre autres vénérables has beens).


Jeremy CLYDE et son faux air de Peter CUSHING

Bref, à l'instar de Deux pieds dans la tombe que je vous proposais ici il y a quelques jours, Un Couple peu ordinaire est un petit bijou de téléfilm anglais, à hadopiser sans hésitation si vous aimez les solides performances de monstres sacrés, la verdoyante Albion, et les sous-textes gentiment queers.
C'est ici -- en VF et VHSRip.







vendredi 6 mai 2011

BLACK JOURNAL (Gran Bollito, Mauro BOLOGNINI, 1977)





Un repack est désormais disponible dans "l'Antre de l'horreur" ! N'hésitez pas à hadopiser ce chef-d’œuvre de préférence sur ce site !...

Le post de ce jour devrait ravir les amateurs d'incunables et d'extravagances pelliculaires, puisque je vous y propose en "hadopisation" rien moins que l'effarant chef-d'œuvre de Mauro BOLOGNINI, Gran Bollito (connu en France et dans les pays anglo-saxons sous le titre de Black Journal). Non seulement le terme OFNI (Objet Filmique Non Identifié) s'applique à merveille à cette bande radicalement décalée, mais il semble bel et bien avoir été inventé pour elle.
Si je vous dis Shelley WINTERS en serial killeuse italienne des années 30, adepte du recyclage de macchabées, qu'elle convertit ingénieusement en savonnettes et en délicieux gâteaux anisés ? Rien que cela vous met l'eau à la bouche, pas vrai ?
Eh ben, c'est pas fini ! Vous pouvez y ajouter Max Von SYDOW en... vieille fille (!) un brin compassée et dissimulant à grand-peine son attirance saphique pour Shelley ! Et Renato POZZETTO et Alberto LIONELLO jouant également des rôles de rombières passablement dessalées, l'une se produisant à ses heures dans un cabaret que n'aurait pas renié Bob FOSSE, l'autre passant l'essentiel de son temps à se lamenter avec une opiniâtreté bourrue sur ses amours perdues. Ces trois charmantes moukères, fidèles amies de Shelley, ne mettront pas longtemps à grossir le nombre de ses victimes.


Alberto LIONELLO, Max Von SYDOW et Renato POZZETTO

Le motif des meurtres n'est pas l'élément le moins délirant du scénario (pourtant inspiré d'une histoire vraie) : ayant perdu une douzaine d'enfants en bas-âge, la mère WINTERS entend préserver la vie du seul rescapé en offrant à la Mort le sanglant sacrifice de membres choisis de son entourage.
Parabole sur la maternité dévorante et castratrice ; fable apocalyptique sur la guerre imminente et son corollaire, le fascisme ; méditation acide sur l'ambivalence des genres sexuels : Gran Bollito est tout cela, en plus d'une œuvre férocement camp, dominée par le jeu des apparences et le culte de la théâtralité (la cuisine où Shelley perpètre ses crimes fait plus qu'évoquer une scène de théâtre, avec estrade et lourd rideau).


Je n'en dirai pas plus, ayant l'intention d'étudier prochainement le film de façon beaucoup plus rigoureuse sur FEARS FOR QUEERS (son sujet se prête idéalement à la thématique du blog, il va sans dire). Dans la revue "Star Ciné Vidéo", bien connue des érotomanes des années 80, le critique Claude SCASSO comparait fort justement Gran Bollitto aux Tueurs de la lune de miel de Leonard KASTLE, y voyant "un film très étrange (...), construit comme ces rituels de mort qui font les bonnes heures des faits-divers, un film à symboles, à clé, et pourtant toujours clair et facile à regarder." Il convient néanmoins, pour pleinement l'apprécier, d'être doté d'un sens de l'humour particulièrement tordu, et de mettre au placard - soigneusement accrochées à un cintre en fil de fer - quelques-unes de ses préventions féministes...


AVERTISSEMENT : En France, le film fut distribué uniquement en vidéo par "Fil à Film", en 1983, dans une copie très délavée et, pour tout dire, assez misérable. Le passage des années et les visionnages répétés n'ont pas amélioré l'état de la cassette dont je vous propose ici le Rip (les captures d'écran qui illustrent ce post en attestent). J'ai néanmoins choisi de le partager avec vous, étant donné la rareté de l'œuvre, introuvable en hadopisation sur le net (du moins, à ma connaissance), et dont le seul DVD commercialisé est italien, non sous-titré, et difficile d'accès.
Pour hadopiser, c'est ici -- VHSRip, Version française.