Après s'être imposé au début des années 70 comme l'un des cinéastes les plus originaux du cinéma de genre anglais, alignant les pépites avec une aisance insolente (Flagellations ; Frightmare et Le Confessionnal / Mortelles confessions), Pete WALKER, comme beaucoup de ses collègues, eut quelque peine à négocier la fin de cette décade prodigieuse. Son univers éminemment personnel, intimiste et brassant une poignée de thèmes obsessionnels (conflits générationnels, pourrissement de la cellule familiale, fascination pour les meurtriers du troisième âge, et positionnement réactionnaire sous des dehors faussement subversifs), ne s'inscrivait dans aucun des deux grands courants "fantastiques" qui allaient définir les années 80 : le slasher mécaniste à base de tueurs compulsifs et bourrins, et les blockbusters enluminés et tout public de l'écurie SPIELBERG.
Schizo témoigne de cette baisse de tonus et d'une inspiration devenue erratique suite à des concessions malvenues aux poncifs du psycho-killer. WALKER devait redresser la barre avec son film suivant, The Comeback, qui, pour être inégal, marque un retour à une thématique typiquement "walkerienne" : meurtriers aux cheveux blancs, et critique sous-jacente (et retardataire) de la rock culture. Durant les années 80, WALKER ne devait réaliser qu'un seul film, House of the Long Shadows, hommage enflammé à l'épouvante gothique et à ses interprètes, qui se paie le luxe de réunir Vincent PRICE, Peter CUSHING, Christopher LEE, John CARRADINE... et Sheila KEITH, actrice-fétiche et découverte de WALKER, qui en fit la comédienne la plus emblématique du genre depuis Barbara STEELE -- mais dans un tout autre registre que celui de l'interprète du Masque du démon.
L'une des premières faiblesses de Schizo tient précisément à l'absence de KEITH à son générique. Tout comme le cinéma de John WATERS ne fut plus jamais le même après le décès de DIVINE, un film de WALKER perd une bonne part de sa saveur et de son caractère sans la participation de celle qu'un critique britannique qualifia de "Boris KARLOFF en jupon". Malgré la complicité de son scénariste de prédilection David McGILLIVRAY (dont on ne soulignera jamais assez l'importance dans le cinéma de WALKER et dans le "bis" anglais en général), le cinéaste peine à nous intéresser à l'histoire de cette jeune femme hantée par le souvenir du meurtre de sa mère, et harcelée par l'assassin présumé, récemment libéré de prison.
A cette intrigue bateau (qui annonce Cauchemars à Daytona Beach, le déferlement gore en moins), WALKER et McGILLIVRAY mêlent un soupçon de parapsychologie (la séance de spiritisme bidouillée qui débouche sur une véritable manifestation surnaturelle -- voir l'extrait en fin de post), quelques laborieuses références à HITCHCOCK (la scène de la douche ; le meurtre dans la fête foraine), et une poignée d'effets sanglants sobres mais percutants (et totalement incrédibles sur le plan "pratique"... Ah ! le meurtre à l'aiguille à tricoter !...)
On cherche en vain, dans cette œuvre soignée mais opportuniste, quelque trace des idiosyncrasies de WALKER (à l'exception de son goût prononcé pour les hunappy ends). Sa traditionnelle critique du "jeunisme" est ici à peine amorcée, et débouche sur un propos confus, dont on peine à discerner les aboutissants ; son conservatisme roublard fait place à une adhésion assez peu convaincante à "l'air du temps" ; enfin, sa direction d'acteurs s'avère très relâchée (un comble pour un cinéaste qui sut nous révéler nombre de comédiens négligés). Le vétéran Jack WATSON, dans un rôle inquiétant riche en possibilités, se contente d'arborer un air buté ou ahuri, comme s'il ne savait quoi faire de son personnage ; Stéphanie BEACHAM, actrice limitée dont WALKER avait su tirer le meilleur parti dans Le Confessionnal, est totalement inconsistante. Seule Queenie WATTS, en femme de ménage trop fouineuse, offre une composition mémorable.
Le choix du titre constitue une autre maladresse notable (je vous laisse découvrir pourquoi...), et trahit le manque de rigueur des auteurs en la circonstance.
A cette intrigue bateau (qui annonce Cauchemars à Daytona Beach, le déferlement gore en moins), WALKER et McGILLIVRAY mêlent un soupçon de parapsychologie (la séance de spiritisme bidouillée qui débouche sur une véritable manifestation surnaturelle -- voir l'extrait en fin de post), quelques laborieuses références à HITCHCOCK (la scène de la douche ; le meurtre dans la fête foraine), et une poignée d'effets sanglants sobres mais percutants (et totalement incrédibles sur le plan "pratique"... Ah ! le meurtre à l'aiguille à tricoter !...)
On cherche en vain, dans cette œuvre soignée mais opportuniste, quelque trace des idiosyncrasies de WALKER (à l'exception de son goût prononcé pour les hunappy ends). Sa traditionnelle critique du "jeunisme" est ici à peine amorcée, et débouche sur un propos confus, dont on peine à discerner les aboutissants ; son conservatisme roublard fait place à une adhésion assez peu convaincante à "l'air du temps" ; enfin, sa direction d'acteurs s'avère très relâchée (un comble pour un cinéaste qui sut nous révéler nombre de comédiens négligés). Le vétéran Jack WATSON, dans un rôle inquiétant riche en possibilités, se contente d'arborer un air buté ou ahuri, comme s'il ne savait quoi faire de son personnage ; Stéphanie BEACHAM, actrice limitée dont WALKER avait su tirer le meilleur parti dans Le Confessionnal, est totalement inconsistante. Seule Queenie WATTS, en femme de ménage trop fouineuse, offre une composition mémorable.
Le choix du titre constitue une autre maladresse notable (je vous laisse découvrir pourquoi...), et trahit le manque de rigueur des auteurs en la circonstance.
Pour autant, Schizo n'est pas dépourvu d'intérêt si on le compare aux slashers qui allaient déferler sur les écrans au cours des années suivantes. Réalisé avec compétence à défaut de personnalité, suffisamment nerveux dans sa seconde partie pour gagner l'attention du spectateur, et surtout très représentatif de la fin de la nouvelle vague de l'horreur anglaise, il peut être apprécié en tant que témoin de son temps, pour peu que l'on y mette assez d'indulgence et un brin de nostalgie...
Hadopiser ici, en VHSRip et V.F.
Extrait : Esprit, es-tu là ?...
Bon, ben, ça se bouscule pas au portillon pour le SCHIZO de Walker, on dirait ? Dommage. Belle analyse du film en tout cas. Peut-être un peu sévère ? Mais, il est certain que SCHIZO n'est pas aussi bon que FRIGHTMARE et THE COMEBACK qui sont, à mon sens, les deux meilleurs films de Walker dans le genre. Vrai ce que tu dis à propos de la délicieuse Sheila Keith. Quel vide quand elle manque à la distribution d'un film du Pete ! Walker a cet immense mérite de sortir un peu cette comédienne des séries TV. Pour moi, elle rejoint Bette Davis dans la liste des "best elderly bad girls" ! A propos de SCHIZO, j'aime bien le personnage de la fille medium. La séance est grotesque à souhait avec les yeux exorbités ! Ca me rappelle une séquence très drôle dans une émission de TF1 qui s'appelait "Mystères" avec la reconstitution cheap d'un cas de poltergeist qui déclenchait la colère d'un tout petit gamin ! Pour l'anecdote, Lynne Frederick qui interprète Samantha, fut la dernière épouse de Peter Sellers.
RépondreSupprimerMerci double pour ce SCHIZO !
@ Adam : C'est vrai que je suis un peu sévère envers ce film. Mais bon, Pete Walker est vraiment l'un de mes cinéastes préférés, alors j'ai tendance à mal lui pardonner lorsqu'il fait entorse à son talent habituel... ;-)
RépondreSupprimerGamine, j'ai eu un choc considérable en découvrant HOUSE OF WHIPCORD -- l'un de ces films qui ont à jamais marqué ma vie de cinéphile --, et cela s'est aggravé avec FRIGHTMARE et surtout HOUSE OF MORTAL SINS, que je tiens pour son chef-d'œuvre. Le reste de sa filmo ne démérite pas, y compris ses films gentiment érotiques, comme COOL IT CAROL... De fait, SCHIZO, à côté, ça paraît très léger... Comme toi, je considère Sheila Keith comme "the best elderly bad girl" avec Miss Davis. Sa carrière théâtrale est assez fascinante également. De "Mame" avec Ginger Rogers à Londres, à "Death Trap" où elle créa le rôle d'Helga Ten Dorp ! Sacrée bonne femme !... Au milieu des années 90, j'ai avidement cherché sa trace lors de mes séjours en Angleterre, achetant compulsivement les programmes de théâtre la concernant, écumant les boutiques de cinéma londoniennes pour trouver la moindre photo ou info. Il existe très peu d'interviews d'elle, et je rêvais d'en réaliser une pour mon fanzine, à l'époque. Ça ne s'est jamais concrétisé, la dame était trop discrète, ou surprotégée par un agent mal informé du culte qu'elle suscitait chez les fans de l'"horreur" anglaise...
Oui, Lynne Frederick fut en effet la dernière épouse de Peter Sellers, puis du redoutable David Frost. Jolie môme, mais piètre actrice...
C'est toujours un très grand plaisir de te lire, et je te remercie de ton enrichissant commentaire sur ce film qui, malgré tout, suscite quelques téléchargements...
Amitiés...
@ bbjane
RépondreSupprimerPour moi le choc fut FRIGHTMARE et la séquence dans le train quand Sheila Keith se lève et qu'elle est filmée en plan subjectif. Je ne connaissais absolument pas Walker, ni Keith, mais j'ai pensé "Si cette bonne femme ne fait pas réellement peur, alors rien ne fait peur" !!! Quand j'ai enfin vu le film, pas de déception au rdv ! Et j'ai commencé à ennuyer tout le monde à Londres pour voir les films de Pete Walker !
Quel dommage que tu n'aies pu réaliser cet interview. La seule chose que j'ai lu la concernant (à une époque où mon anglais était moins rouillé !), c'est l'autobiographie de Walker "Making Mischief". Cela m'a bien fait sourire quand j'ai appris que c'est apparemment une femme adorable et d'une très grande gentillesse. Mais, je m'égare car il est ici question de SCHIZO sans Sheila. Remarque, c'est toujours mieux que SCHIZO avec Ringo ! Oui, c'est vrai; la môme Frederick n'est pas une bonne actrice. Enfin, Walker s'arrange toujours pour joindre l'utile à l'agréable !
Bon week-end, bbjane, et à bientôt.
Hum je ne l'ai pas, forcèment intéressé , merci Bbjane ;)
RépondreSupprimerA bbjane
RépondreSupprimerJe trouve dure envers Lynne Frederick en la jugeant de piètre actrice. Je suis en grand fan de Miss Frederick depuis plus de 3 ans et j'ai même fait un site sur sa carrière. Pour moi elle est l'une des rares actrices à avoir été polyvalente dans sa carrière (drame, comédie, historique, western, sciences-ficion, horreur).
Pour le film, je suis aussi un fan de Pete Walker et j'adore Schizo, je trouve son énigme très bien travailler comme "The Flesh and Blood Show" et dans Schizo j'adore le travail fournie par Stephanie Beacham et Jack Watson.
voici mon site : http://lynne-frederick-index.wifeo.com/
@ TheCycloneof07 : Merci pour le lien vers ton site. Je suis curieuse de découvrir cela...
RépondreSupprimerDécidément... les raretés qui m'intéressent ... lien hs ... merci de réup si possible.
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour le lien / réup. Cool !
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