samedi 24 décembre 2011

FROID COMME LA MORT (Dead of Winter, Arthur PENN, 1987)





Je ne pensais pas avoir l'occasion de m'occuper du blog avant le Nouvel An, mais un changement d'emploi du temps me permet de poster plus tôt que prévu (juste à point pour le déposer au pied du sapin) le formidable Froid comme la mort d'Arthur PENN, le "film hivernal" absolu, à mes yeux.
Thriller gothique enseveli sous le mépris de la critique -- et sous des kilos de neige --, Froid comme la mort est l'avant-dernier film (pour le cinéma, car il signa deux téléfilms par la suite) de l'auteur de Bonnie and Clyde, et l'un des joyaux de sa filmographie. Les grincheux l'accusèrent d'être un pur produit commercial, et pointèrent d'un doigt furibond son script roublard et fourmillant d'invraisemblances. Oui, bon... et alors ?... La mécanique n'en est pas moins redoutablement efficace, l'atmosphère expertement rendue (je vous assure qu'on a froid en regardant ce film, au point de se choper la crève !), et l'interprétation au-dessus de tout éloge.
Mary STEENBURGEN est impeccable, comme à son habitude, en actrice au chômage conviée par un psychiatre excentrique et son fidèle domestique à effectuer un screen test dans une demeure isolée au milieu des congères. Elle ne tarde pas à comprendre qu'elle a mis le doigt (c'est le cas de l'écrire, puisqu'elle en perd un dans l'aventure) dans un engrenage diabolique à base de chantage, de meurtre, et de séquestration...






C'est surtout le couple formé par Roddy McDOWALL et Jan RUBES qui emporte le morceau et monopolise l'attention du spectateur ; un couple "crypto-gay" par excellence, lié par le goût de la machination perverse et par un plaisir commun à tenir des rôles hiérarchiquement codifiés dans des rapports qui ont tout de la vieille complicité amoureuse. McDOWALL s'en donne à cœur joie en majordome stylé et cauteleux, dissimulant sa follitude sous le raffinement du larbin quatre étoiles. Jan RUBES est la grande révélation du film ; ce comédien d'origine tchèque campe un "méchant" intellectuel et racé dans la grande tradition de l'épouvante gothique, et aurait pu s'imposer sans peine comme le successeur d'un Vincent PRICE, si les cinéastes lui avaient confié plus de rôles dans ce registre. Hélas, seul l'excellent Blood Relations (tourné l'année suivante et fort inspiré par le climat du film de PENN) lui offrit l'opportunité de fignoler une composition similaire.







Ne vous laissez pas berner par l'opinion méprisante des plumitifs mal embouchés (même COURSODON et TAVERNIER qualifient le film de "thriller artificiel" et estiment que PENN "tombe ici dans la pratique servile et littérale d'un sous-genre des plus douteux"). Qu'on le veuille ou non, Froid comme la mort demeure l'un des meilleurs thrillers des années 80.

Trailer :


Hadopiser (nouveaux liens RS), en DVDRip et V.O.S.T. :
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12 commentaires:

  1. J'ai vu ce film à sa sortie à l'époque, mais sans en ressortir trop impressionné. Je l'ai ensuite revu 7 ou 8 ans plus tard, et il m'avait alors semblé nettement plus intéressant, plus 'atmosphérique' disons.. Ce sera donc avec joie que je le re-revisionnerai dans un contexte cette fois-ci encore plus propice, et ce sur tous les plans :-) Merci BBjane, et joyeux Noël !

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  2. @ RLRobertPhD : J'espère que ce troisième visionnement achèvera de te convaincre que le film vaut mieux que sa réputation. Je ne suis peut-être pas totalement objective à son sujet, je veux bien l'admettre. Il contient trop d'éléments qui ont chez moi beaucoup d'échos. L'ambiance hivernale, le huis-clos, tout l'aspect délibérément théâtral, et les compositions très investies et pleines de sous-entendus de McDowall et Rubes... Un très joyeux Noël à toi aussi, et une excellente année, dans la foulée... ;-)

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  3. Pour peu qu'un cinéaste considéré comme un auteur réalise une commande, c'est tout de suite le martinet ! Bien content de pouvoir le découvrir. En plus j'aime beaucoup le McDo et la Steenburger ! Merci.

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  4. Elle a un petit quelque chose de Kate Bush, non ?

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  5. @ Adam : Je n'avais jamais fait le rapprochement, mais maintenant que tu le dis, c'est vrai qu'elle a quelque chose de Kate Kush !...

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  6. Merci beaucoup. Je n'étais pas resté sur une bonne impression à l'époque de sa sortie, maintenant, je lui redonnerais bien sa chance !

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  7. Wahou, pour mon retour sur cet excellent blog (après une énervante panne de mon pc), je suis heureux de pouvoir découvrir ce thriller d'Arthur Penn. On se fout bien des grincheux, dont les ancêtres crachaient déjà sur les invraisemblances des meilleurs suspenses du maître Hitchcock : le genre implique certains arrangements avec la logique et des outrances irrationnelles. Et alors ?! Je frémis d'impatience de voir ce que "Froid comme la mort" me réserve... :-)

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  8. @BBJane: Je viens de visionner et j'ai effectivement beaucoup plus, et mieux, apprécié. Et c'est surtout l'atmosphère créée qui est venue me chercher ! À la limite de l'isolation enneigée et schizoïde de Jack et de sa petite famille dans 'The Shining' de Kubrick. Jan Rubes est aussi excellent dans sa sobriété mesquine, autant que Roddy McDowall, nettement meilleur ici dans son habituelle composition de fragilité nerveuse.. Merci à nouveau pour cet intéressant visionnement :-)

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  9. Merci pour ce partage, et bonne année 2012 à tout le monde.

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  10. Je confirme : très bonne découverte de mon côté. Un thriller à l'atmosphère réfrigérante, lent mais pas ennuyeux, classique mais pas poussiéreux. Bien meilleur que l'essai du père Huston ("Phobie" de triste mémoire), Arthur Penn fait montre de savoir-faire et, pour son dernier film, tout à fait honorable. Les grincheux ont tort... comme toujours.

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  11. houaou, je te prend celui-ci aussi bbjane, Merci

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  12. Tout comme RLRobertPhD, j'ai été emballé par une seconde (et donc tardive) vision. Merci encore pour la redécouverte. Je crois bien que t'as tout dit dans ton texte de présentation.

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