jeudi 15 mars 2012

LES DIABLESSES (La Morte negli occhi del gato, Antonio MARGHERITI, 1973)




Le label "giallo gothique", souvent appliqué à ces Diablesses, est tout aussi fréquemment contesté par les puristes du giallo, pour qui le film d'Antonio MARGHERITI ne recèle pas suffisamment de traits propres à leur genre favori. De fait, la présence d'un assassin officiant à l'arme blanche et la mention d'un animal dans le titre original ("La Mort dans les yeux du chat") sont les seules caractéristiques giallesques d'un film qui relève plutôt de la catégorie "old dark house" ou du whodunit dans la tradition d'Agatha CHRISTIE.
Bien que l'action se déroule dans un manoir écossais, l'atmosphère et les décors évoquent davantage les adaptations américaines d'Edgar POE par Roger CORMAN que le style so british de la Hammer ; la réalisation, quant à elle, est typiquement latine, avec abondance de zooms avant et arrière, recadrages plus ou moins opportuns, et mobilité nerveuse de la caméra -- un style volontiers compulsif qui s'accorde mal au cadre et à la temporalité de l'intrigue (la rigide Ecosse du début du XXème siècle), et nuit quelque peu à sa crédibilité.


Le principal défaut de cette bande, par ailleurs attachante, est sa tonalité disparate, son manque d'homogénéité. Le mélange des influences et des genres, le casting européen pour le moins éclectique (Serge GAINSBOURG et Jane BIRKIN croisant Anton DIFFRING sous l’œil d'Hiram KELLER) et l'introduction d'éléments totalement superflus (l'orang-outan baladeur, le chat témoin des crimes) donnent au film un caractère hybride qui pourrait déboucher sur un surcroît d'étrangeté, mais qui n'est aucunement exploité en ce sens par MARGHERITI, et n'est jamais loin de tomber dans la parodie involontaire.


Pour l'amateur de "cinéma bis", Les Diablesses vaut donc surtout pour sa distribution, somptueuse à défaut d'être homogène. Françoise CHRISTOPHE, disparue au tout début de cette année, est une imposante Lady MacGrieff, aussi digne que financièrement décavée, écartelée entre une libido encore très requérante et un christianisme rigide. Hiram KELLER est parfait en jeune nobliau psychotique, enfermé dans le manoir par sa mère qui l'accuse d'avoir tué sa sœur dans des circonstances imprécises. Anton DIFFRING, médecin de famille glacial et calculateur, qui justifie ses appointements en offrant à Lady MacGrieff quelques séances de jambes en l'air (entrecoupées de plus gaillardes galipettes avec la préceptrice Doris KUNSTMANN), tient son emploi avec toute la morgue racée, mi-anglaise mi-germanique, qui le caractérise -- il est particulièrement savoureux de voir ce comédien gay endosser avec une conscience imperturbable ce rôle "exotique" d'homme à femmes. Venantino VENANTINI fait un prêtre très acceptable malgré sa fière gueule de truand, et Jane BIRKIN s'en sort plus qu'honorablement en ingénue purement accessoire mais omniprésente. En policier enquêtant mollement sur les meurtres, GAINSBOURG, muni d'une canne, ne quitte pas un air entendu de fin limier qui a tout deviné -- mais n'élucide rien, sa seule action efficace consistant à tuer in extremis un coupable qu'il n'avait pas su identifier comme tel... Parmi les seconds rôles, Luciano PIGOZZI en fidèle domestique et Franco RESSEL en prêtre cauteleux et matois sont aussi efficaces que de coutume.


Le scénario est adapté d'un roman de Peter BRYAN, que l'on connut plus inspiré lorsqu'il co-signa pour la Hammer les scripts du Chien des Baskerville et des Maîtresses de Dracula. Les producteurs engagèrent BIRKIN et GAINSBOURG pour profiter du colossal succès rencontré en Italie par leur chanson "Je t'aime, moi non plus". Le fameux chat témoin des meurtres fut dispensé de passer une audition : il appartenait au réalisateur.

Hadopiser, en version Italienne sous-titrée et TVRip (logo "moins de douze ans" incrusté) :
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10 commentaires:

  1. j'ai hate de voir la qualité de ta version. par contre il n'y a pas de 3e lien... help merci

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    1. @ Boris : Oups !... C'est réparé !... En toute franchise, la qualité est "comme ci comme ça" : une prise télé un peu sombre à mon goût, comme tu peux le vérifier avec l'extrait YouTube...

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  2. merci cette fois tout est là. j'avais récupéré un vhs rip sur un autre site et c'était franchement laid je pense que ce sera déjà mieux. en tout cas merci pour tout ces bons films que tu nous permets de redécouvrire

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  3. Un film étrange avec un Gainsbourg savoureux à contre-emploi. Merci bb jane!

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  4. Giallo ou pas je te remercie pour ce partage .

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  5. J'aimerais bien le DL, mais vu la lenteur de Rapidshare, je vais p-ê privilégier des films que j'ai pas vu... J'ai vu ce film mais que en version anglaise et j'avoue que certaines choses m'ont échappés. J'ai pas tout compris. Sinon, visuellement, le film m'avait un peu déçu, au niveau de l'ambiance, etc., pourtant ça me semblait prometteur. (Bon, chuis pas une fana du gothique à vrai dire...)

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    1. @ Rebecca Ford-Ravenwood : C'est vraiment devenu si long que ça pour downloader sur RS ?... C'est vrai que je lis ça souvent sur divers blogs de partage. Je ne m'en rends pas bien compte, étant donné qu'en Premium, la vitesse n'a pas changé... C'est sûr que pour quelqu'un qui n'aime pas trop le gothique, ce film risque de décevoir, car il repose énormément sur cette esthétique.. Merci de votre visite !...

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  6. Un immense merci, je désespérais de voir un jour ce giallo avec Jane B.

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  7. merci pour ce film, je le cherchais justement.

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  8. Bonjour, les liens ne fonctionnent plus...

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