Je me fais un petit plaisir aujourd'hui en partageant avec vous un film qui enchanta mon adolescence de cinéphile nourrie au lait de "La Dernière séance" et du cinéma américain des années 50. En 1986, aller voir en salle un nouveau film du tandem Kirk DOUGLAS / Burt LANCASTER n'était pas chose courante et promettait un bain de nostalgie particulièrement bienfaisant. Les deux comédiens n'avaient plus partagé l'affiche depuis 10 ans et Victoire à Entebbe, et il fallut l'initiative d'un de leurs admirateurs, le cinéaste Jeff KANEW, pour les convaincre (sans trop d'efforts) de refaire équipe comme au temps glorieux de Règlement de comptes à O.K. Corral et de Sept jours en mai.
Le film qui en résulta est une œuvre d'amour, l'hommage d'un jeune réalisateur à deux de ses idoles et à leur mythologie personnelle, que les scénaristes James ORR et Jim CRUICKSHANK connaissaient manifestement sur le bout des doigts.
Comme l'écrivait Roland LACOURBE dans l'ouvrage qu'il consacra à Burt LANCASTER peu après la sortie du film en France (Edilig, 1987), "les amateurs peuvent ainsi s'amuser, tout à loisir, à décrypter les différentes péripéties du film, jalons d'une parodie savamment orchestrée de leurs carrières respectives et de leurs tics et particularités les plus typiques (l'éclatant sourire de l'un, la célèbre fossette de l'autre)."
Les compères incarnent Harry Doyle (LANCASTER) et Archie Long (DOUGLAS), deux gangsters libérés du pénitencier après y avoir purgé trente ans de détention pour le détournement d'un train, le "Gold Coast Flyer". Leur agent de tutelle, qui leur voue un culte fervent, tente de les aider à se réinsérer dans la société moderne. Maison de retraite et romance crépusculaire pour Harry, petits boulots et liaison éreintante avec une jeune beauté pour Archie, et pour l'un comme pour l'autre, difficultés à s'adapter à une société qui leur semble devenue folle. Très vite, ne supportant plus l'inaction, ils décident de s'offrir un ultime coup d'éclat : attaquer à nouveau le "Gold Coast Flyer" dont on annonce le dernier voyage.
KANEW fustige avec entrain les travers et lubies de l'époque contemporaine -- ou plus précisément des années 80, dont le film présente une peinture à la fois caustique et fidèle --, tels que "la manie de l'aérobic, le sexisme à tous crins, la déconcertante mode 'branchée', la crasse et la violence des grandes métropoles, les fast foods et leur clientèle d'affreux jojos, la pollution sonore..." (LACOURBE)
L'ensemble est certes un brin réac, mais ne manque ni de lucidité, ni d'humour. Le rythme est impeccable, et le casting constitue un rêve de cinéphile : outre nos deux monstres sacrés, nous retrouvons Alexis SMITH, jadis starlette de la Warner, en ancienne flamme avec laquelle renoue LANCASTER ; Charles DURNING en flic acharné à coffrer ceux qu'il avait fait mettre sous les verrous trente ans plus tôt (mais qu'il admire secrètement) ; et surtout Eli WALLACH, absolument époustouflant dans le rôle d'un tueur à gages bigleux et ordurier qui poursuit inlassablement les deux hommes pour les éliminer, en vertu d'un vieux contrat jamais honoré.
Du plaisir pur, à ne pas bouder...
Ah, j'allais oublier ! Si LANCASTER, célèbre pour son sourire carnassier, exhibe fièrement ses dents pour prouver qu'il ne lui en manque aucune, DOUGLAS demeure pour sa part fidèle à sa chère habitude de nous montrer son cul. Que voulez-vous, on ne se refait pas...
Je ne connais pas, mais tu vends bien ce film. Je
RépondreSupprimerle prends.
Je ne le connaissais pas non plus, mais ton texte m'a donné une énorme envie de le regarder ! Un énorme merci d'avance !
RépondreSupprimer