samedi 20 octobre 2012

HOMMAGE A BERNARD FRESSON (27 mai 1931 - 20 octobre 2002)



Il y a dix ans jour pour jour disparaissait l'un des meilleurs comédiens de la scène et de l'écran français, qui se trouve être l'un de mes acteurs favoris : Bernard FRESSON. Près de 90 films, plus de 100 téléfilms et environ 80 pièces de théâtre (dont bon nombre de créations prestigieuses) : la carrière de FRESSON ne fut pas seulement bien remplie, mais également diversifiée et marquée d'un bout à l'autre du sceau de la qualité.
Fils de boulangers établis à Reims, il intégra HEC (Hautes Etudes Commerciales, promotion 53) dont il sortit Major, puis envisagea une carrière sportive avant de suivre des cours d'art dramatique auprès de Tania BALACHOVA. Dès lors, il entama un parcours théâtral des plus nourris, travaillant sous la direction de metteurs en scène prestigieux, de Jean VILAR à Didier LONG, en passant par Roger PLANCHON et Robert HOSSEIN. Des années 1950 à sa mort, il joue sur les planches les œuvres de Marguerite DURAS, Harold PINTER, William SHAKESPEARE, Tennessee WILLIAMS, Bertold BRECHT, August STRINBERG, etc...


Son premier film sera Les Copains du dimanche, qui marque également les débuts de Jean-Paul BELMONDO. Puis Alain RESNAIS lui offre un petit rôle dans Hiroshima mon amour, dont le retentissement considérable lui ouvre une imposante carrière à l'écran. Il incarne le plus souvent des personnages de "français moyens" forts en gueule ou de petits bourgeois mal embouchés, qu'il sauve de la caricature par un sens aigu de la nuance et une humanité constante. Il y a chez FRESSON une acuité de vue et une justesse d'expression qui donnent à ses rôles les plus antipathiques une authenticité confondante, que ce soit sous la direction de  Roman POLANSKI (Le Locataire), d'Henri-Georges CLOUZOT (La Prisonnière), de Serge KORBER (Les Feux de la Chandeleur) ou de Joël SÉRIA (Les Galettes de Pont-Aven, Marie-Poupée).

Les Feux de la Chandeleur (Serge KORBER, 1972)

Avec le temps, il devint l'interprète privilégié de grandes figures historiques et littéraires, principalement à la télévision, où il fut un imposant JAURES sous la direction d'Ange CASTA, un PASTEUR et un Victor HUGO plus vrais que nature, mais aussi JAVERT dans l'une des meilleures adaptations des Misérables réalisée par Marcel BLUWAL, et Garofoli dans le Sans Famille de Jean-Daniel VERHAEGHE. Il fut le premier choix des producteurs de la série Maigret pour incarner le commissaire, mais déclina la proposition par respect pour son ami Jean RICHARD, précédent détenteur du rôle à la télévision, qu'il estimait irremplaçable. C'est finalement Bruno CREMER qui endossa le costume du héros de SIMENON.
En 1975, il obtient le rôle-titre de la série Jo Gaillard, où il est le capitaine d'un navire marchand menant son équipage à la baguette. Le large l'appelle à nouveau plus de vingt ans plus tard dans Entre terre et mer, une autre mini-série à succès où il campe un Malouin des plus coriaces.


 Entre terre et mer (Hervé BASLÉ, 1997)

 Sans famille (Jean-Daniel VERHAEGHE, 2000)

Doté d'une belle voix de baryton, Bernard FRESSON rêvait de devenir chanteur d'opéra : "Mon père m'a donné le goût de l'art lyrique. Il avait ses entrées au théâtre de Reims et, grâce à lui, j'ai vu tous les opéras. J'étais capable de chanter un opéra entier après l'avoir vu une seule fois. Je faisais aussi partie de la maîtrise de la cathédrale de Reims. Seul le hasard en a décidé autrement. Je montais des pièces en amateur, et l'on m'a proposé de faire sérieusement du théâtre. Alors, j'ai accepté."
Le voici en photo devant l'Opéra Garnier, en 1987, dans le costume qu'il portait pour la pièce "Comme on regarde tomber les feuilles" d'Yves MARCHAND, d'après Guy de MAUPASSANT.



A l'occasion de cet hommage au comédien, je vous propose de découvrir le remarquable téléfilm de Fabio CARPI, Les Chiens de Jerusalem. L'action se déroule à l'époque de la première croisade. Le baron de Calatrava (Jean ROCHEFORT) et son écuyer Ramondo (Bernard FRESSON) n'ont aucunement l'âme de guerriers et renâclent à l'idée de mourir en Terre Sainte pour un sépulcre. Ils décident donc de retourner discrètement à leur château où ils entreprendront un voyage imaginaire, s'inventant une chronique théâtralisée pleine d'humour et de rencontres singulières.
Un film drôle, émouvant et subtil, où le talent de deux immenses comédiens s'exprime avec bonheur.


Hadopiser ici, en DVDRip

 

LIENS :

Extrait de l'émission 30 Millions d'amis (1980) sur le site de l'INA, où Bernard nous présente ses cinq chiens et sa basse-cour, dans sa maison de Sèvres (ici).

Le réalisateur Joël SÉRIA évoque Bernard FRESSON, sur Vimeo (ici).

Un court article sur les obsèques du comédien, sur le site du "Nouvel Observateur" (ici).



FILMS AVEC BERNARD FRESSON EN INTÉGRALITÉ SUR YOUTUBE :

HIROSHIMA MON AMOUR (Alain RESNAIS) : ici
JE T'AIME, JE T'AIME (Alain RESNAIS, 1968) : ici
Z (Costa Gavras, 1969) : ici
LES GALETTES DE PONT-AVEN (Joël SÉRIA, 1975) (En 8 parties) : première partie ici 
A CHACUN SON ENFER (André CAYATTE, 1976) (Copie très sombre) : ici
TVFilm : MANÈGE : "LE DÉFI" (Charlotte BRÄNSTRÖM, 1999) (En 7 parties) : première partie ici

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