Dans Django Unchained, la violence s'abat aussi bien sur les bourreaux que sur leurs victimes, sur les maîtres que sur les esclaves. Elle fait feu de tout bois et bouillie de toute chair. Mais ses manifestations les plus coupablement grisantes, celles dont la complaisance devrait faire matière à débat, conservent la même justification : l'accomplissement de la vengeance. Le film n'interroge pas au-delà les conditions de notre faculté à prendre plaisir au spectacle de la barbarie. C'est peut-être tant mieux, et c'est sans doute en cela qu'il s'avère glorieusement irresponsable, contrairement aux allégations de maturité que j'évoquais plus haut. C'est cette irresponsabilité qui fait de TARANTINO l'un des auteurs les plus euphorisants et inventifs du cinéma américain actuel ; il serait dommage qu'il s'en départisse. Elle présente pourtant son revers dans Django Unchained. L'accumulation des paroxysmes provoque au bout du compte une certaine langueur, et l'on se prend à être excédé par la répétition de débordements opératiques qui, en eux-mêmes, ne sont pourtant pas sans beauté.
Il s'en faut donc d'une trentaine de minutes pour que le film soit un chef-d'œuvre. Pour le reste, on y retrouve les dons superlatifs du cinéaste : sa gestion magistrale des moments d'étirement précédant l'explosion de la violence (la scène du dîner) ; son incomparable direction d'acteurs, par laquelle il obtient des performances inoubliables d'interprètes peu stimulants (Leonardo DiCAPRIO, Lee HORSLEY, et surtout Don JOHNSON), et des compositions sidérantes de comédiens chevronnés (Samuel L. JACKSON, proprement monstrueux en domestique Noir raciste et dominateur, sorte de Mister Hyde de l'Uncle Ben's, dont il s'est fait la tête) ; son humour décalé (le débat sur les trous de cagoules chez les membres du Ku Klux Klan) ; enfin, et surtout, sa faculté à régénérer les artefacts d'une large culture cinéphilique, et à les faire définitivement siens (le générique d'ouverture en est un parfait exemple : la mélodie de Luis Enriquez BACALOV pour le Django de Sergio CORBUCCI prend soudain des accents insoupçonnés de gospel, par la grâce des images qui lui sont associées, et sera désormais inséparable du film de TARANTINO).
On se doit donc de saluer Django
Unchained comme un objet rare et précieux : un film qui redonne goût
au cinéma américain, en lui restituant (parfois) l'un de ses plus beaux
paradoxes : sa rigueur juvénile.
La musique de Luis Enriquez BACALOV :
La musique de Luis Enriquez BACALOV :
La bande-annonce :
Ça c'est de la critique ! Même si je ne suis pas tout à fait d'accord, il me semble en effet que Django est plus abouti qu'Inglourious par ex (lequel souffrait de baisses de tension parfois, notamment les scènes du cinéma). Je pense que maturité et Tarantino ne s'accouplent pas nécessairement très bien. Disons qu'il a mieux maîtrisé son sujet… Mais cela ne vaut pas Jackie Brown tout de même.
RépondreSupprimerSinon, bravo et merci pour Smogasblog, jusqu'au titre qui me rappelle mon enfance, quand je ne comprenais rien à Jerry Lewis mais qu'il me fascinait quand même.
À vous retrouver prochainement en librairie j'espère!
Ravi
je suis une vrai
RépondreSupprimerhttp://www.twikeodream.com/thumbs/9650819merdepuante.jpg
et les gimmicks fleurirent son film...
RépondreSupprimerDJANGO habillé de la même façon que MICHAEL LANDON (LITTLE JOE) dans la série tv culte des sixties BONANZA...
Quand le tout propre sur lui du western ricain côtoie le ketchupissime WILD BUNCH; mais au fait, LITTLE JOE CARTWRIGHT, l'était-il pas parfois effrayant avec son angélique sourire???