mardi 20 septembre 2011

LOVE YOU ! (John DEREK, 1984)






Le comédien John DEREK et le cinéma, c'est une grande histoire de cul. Vous allez me dire, c'est aussi Les Dix commandements, et le mythique Les Aventures de Hadji (diffusé dimanche dernier au "Cinéma de Minuit" de France 3), qui déchaîna les passions des cinéphiles des années 50 et généra de "sanglantes batailles opposant les défenseurs d'un film qui représentait l'archétype de la mise en scène pure, le chef-d'œuvre de la fascination, aux adversaires, tenants de FELLINI et BRESSON, qui généralement se refusaient à le voir." (Coursodon et Tavernier)
D'accord, John DEREK, c'est aussi cela ; l'emblème (modeste) du cinéma de distraction hollywoodien dans ce qu'il représentait de plus kitsch et camp, en un temps glorieux ressuscité jadis par "La Dernière Séance".
Mais John DEREK, ce fut quand même le queutard le plus verni de Tinseltown, qui s'envoya sans sourciller Linda EVANS, Ursula ANDRESS et Mary Cathleen Collins (plus connue sous le prénom de Bo, suivi du nom de son époux), autrement dit quelques-uns des produits les mieux calibrés anatomiquement de l'usine à fantasmes californienne.



Love You ! est le seul film porno réalisé par DEREK (même si rien n'interdit de penser qu'il en mit d'autres en boîte sous pseudo), et reste un spécimen assez incongru du genre : un X ouvertement signé par une personnalité bien connue d'Hollywood. Le scénario est simplissime et mille fois rebattu : deux couples se rendent sur une île paradisiaque pour y expérimenter l'échangisme ; la plus sage des deux épouses s'avère être la plus chaudasse, et sent rapidement basculer ses certitudes matrimoniales.
Le film est un curieux mélange d'érotisme classieux, de cul basique, de prétention arty (louchant par moments vers John CASSEVETES), de tics hamiltoniens chichiteux, et de pseudo-féminisme dissimulant hypocritement un machisme à toute épreuve. Une timide touche d'homoérotisme (voir l'extrait ci-dessous, laborieusement repompé au Women in Love de Ken RUSSELL) vient pimenter l'ensemble.




En bref : l'un de ces pornos touchants à force de bonne volonté, typique d'une époque où certains cinéastes rêvaient d'intégrer le genre à la cinématographie traditionnelle, mais certainement pas le classique/rénovateur du X auquel DEREK ambitionnait de toute évidence.
Ses principaux intérêts : Annette HAVEN, sublime égérie du porno seventies, et une certaine inspiration dans la façon de filmer les fellations (Derek s'intéresse d'ailleurs plus aux zigounettes qu'aux pussies, attitude caractéristique et assez ambiguë des cinéastes X de l'époque, dont on se demande quelles étaient leurs motivations profondes : séduire un public mâle hétéro en privilégiant les gros plans de bistouquettes, c'est quand même assez incongru...)


Hadopiser ici, en VHSRip et V.O.S.T.
(En prime, après le film, une série de bandes-annonces estampillées René Château...)

Extrait : (Wo)men in Love

5 commentaires:

  1. Le X de John (D)Erekt ! Ca, c'est un ovni devenu assez rare. Sacré René Chateau. Il se sentait il est vrai assez concerné par le sujet ! John Derek, c'est un peu un enfant gâté. Il doit sa carrière au poids de Bogart qui l'a appuyé pour le rôle de Nick Romano dans "Knock on any door" (Les Ruelles du Malheur) un film à propos de la délinquance juvénile, réalisé par Nicholas Ray. Plus tard, et après le fameux "Hadji", il s'est fait remarqué dans les "Dix Commandements". C'est fascinant de voir son goût pour le même genre de femmes, même si sa première compagne, la russe Pati Behrs était assez différente. C'est lui qui a fait les photos des trois séries nues (Evans-Andress-Derek) pour Playboy. Avec Bo Derek, il a peut-être réalisé son grand rêve : façonner une femme comme il le souhaitait. Comme Pygmalion, il a créé une image (tout a été refait chez la Bo !) qu'il a dirigée dans quelques gros navets (Fantasies, Bolero, Tarzan). Derek était porté sur l'échangisme mais il semble que Bo n'était pas d'accord pour s'afficher dans une production clairement pornographique comme "Love You" (seul hardcore avec un titre pour rosières !). Pour illustrer un sujet qui lui tenait "à coeur", il a engagé, comme tu le rappelles, la Papesse du hard de l'époque et trois autres hardeurs. Vu par Derek, la partie carrée devient un rien soporifique, avec des petits filtres pour faire zoli par-ci par-là. C'est plus cucul que cul. Merci BBJane pour cette indispensable derektion que je recommande à tous ceux et celles qui aiment la cochonnaille présentée dans du papier cadeau !

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  2. PS : Il a aussi réalisé un clip pour la magnifique Shania Twain. Je n'ose penser à la post-production ! Enfin... si... j'ose !

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  3. Enorme merci pour cette chaude rareté.

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  4. Je suis pas vraiment fan de cochonaille, avec ou sans papier cadeau. Je le prends pour le scénario !
    Merci bbjane ! Je suis curieux de découvrir le mélange que tu as évoqué.

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  5. Ouf, il fait chaud d'un coup.
    Merci bbjane !
    (PS : je le prends uniquement pour les paysages, bien sur :)))

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