Un Spécialiste retrace le procès du criminel de guerre Adolf EICHMANN à Jérusalem en 1961, à travers un montage des 350 heures d'images filmées lors de l'événement par le cinéaste américain Leo HURWITZ. Membre du parti Nazi, EICHMANN fut responsable de la logistique de la "solution finale", en particulier de l'organisation des transports liés à la déportation des juifs et des tziganes en camps de concentration.
Le film d'Eyal SIVAN et Rony BRAUMAN fit l'objet d'une vive polémique, en grande partie lancée par le Fonds Spielberg du Film Juif, détenteur des films originaux. Les cinéastes furent accusés d'avoir favorisé, par le truchement du montage, une "victimisation" d'EICHMANN, en mettant l'accent sur sa banalité apparente, sur l'indifférence de ses juges envers ses témoignages, ou sur l'hostilité du procureur, donnant ainsi au spectateur le sentiment que ce procès n'avait d'autre but que de légitimer une exécution programmée.
Il me semble plus objectif de voir en Un Spécialiste -- conformément aux intentions des réalisateurs qui se basèrent sur l'ouvrage d'Hannah ARENDT, "Eichmann à Jérusalem" -- une démonstration de la banalité du mal, ainsi qu'un témoignage sans complaisance sur la relativité de la notion de justice, quels que soient ceux qui entendent l'exercer.
Un film nécessaire, d'un pessimisme radical, mais profondément honnête et clairvoyant.
"La réussite de Brauman et Sivan est de montrer un Adolf Eichmann qui, loin de ressembler aux SS des films de guerre, n'est qu'un pauvre type au maintien rigide et ridicule, une espèce d'employé modèle, borné, obsédé par les problèmes d'horaires. Dont le seul impératif est d'obéir et de bien faire son boulot sans jamais réfléchir aux conséquences. Un imbécile qui refuse obstinément de dépasser sa petite vision étriquée du monde, dénuée de repères moraux, englouti qu'il est dans la soumission bureaucratique."
Edouard WAINTROP dans "Libération"
Argh, là aussi le lien est mort... j'arrive après la bataille (comme souvent). Quel dommage. Franky
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