Peter COLLINSON avait 31 ans lorsqu'il réalisa son premier film, le controversé (à l'époque de sa sortie) puis trop vite oublié The Penthouse (La Nuit des alligators, en France). L'intrigue ? Pour s'offrir quelques cinq à sept peinards avec sa maîtresse, un agent immobilier la loge illégalement dans un appartement situé au sommet d'une tour déserte. Un beau matin, deux cinglés s'introduisent dans leur nid d'amour, et passent la journée à terroriser et humilier le couple. Le film annonce clairement le(s) Funny Games de Michael HANEKE, et anticipe l'atmosphère poisseuse ainsi qu'une part de la thématique des Chiens de paille -- la réflexion sur l'autodéfense en moins.
44 ans après sa réalisation, The Penthouse reste une œuvre dérangeante, aussi passionnante qu'équivoque (La Caverne des Introuvables a eu la bonne idée de le proposer il y a quelques semaines en hadopisation, ici). Le propos de COLLINSON, bien dans l'air de son temps (et du nôtre), est en gros que la délinquance résulte de l'indifférence des classes possédantes envers ceux qu'elle a elle-même marginalisés. Une théorie qui, pour être défendable dans certains cas, demande quelques ajustements pour ne pas sombrer dans la démagogie. Dans le cas de The Penthouse, elle est assez peu applicable, dans la mesure où les marginaux en question reprennent très consciemment l'argument à des fins manipulatrices, à travers une mise en scène perverse particulièrement élaborée. On peut penser que COLLINSON n'était pas plus dupe du bien-fondé de sa démonstration socialisante que ne le sont ses opposants. Il rejoint en cela Peter WALKER, autre grande figure de la nouvelle vague horrifique anglaise des seventies, louvoyant entre conservatisme et subversion.
Désireux d'enfoncer le clou, le réalisateur signa sept ans plus tard un quasi-remake de son premier film avec La Chasse sanglante, qui, lui, passa rigoureusement inaperçu, sauf de la censure qui le bannit des écrans (il sortit en vidéo en France dans les années 80, au sein de la fameuse collection de René CHÂTEAU, "Les Films que vous ne verrez jamais à la télévision" -- d'où est issue la copie que je vous propose aujourd'hui en hadopisation.)
Le cadre de l'action marque la principale différence entre les deux œuvres : tandis que la première est un huis clos étouffant, fidèle à l'origine théâtrale du scénario, la seconde se déroule dans une nature luxuriante et irradiée de soleil, où se respirent de lointains effluves de Délivrance. L'histoire : trois pervers huppés kidnappent et séquestrent dans leur chalet de chasse un homme adultère et sa maîtresse, pour les terroriser et les humilier. La demoiselle, enivrée de force pour céder aux sollicitations de ses tourmenteurs (comme dans The Penthouse), finit, là aussi, par prendre conscience de la misère affective et sociale dans laquelle elle croupit, et qu'entretient hypocritement son amant. S'ensuit une chasse à l'homme "à la Zaroff" où le couple fait office de gibier.Une fois de plus, COLLINSON s'abandonne à un bonheur de filmer pas très éloigné de celui que prennent ses chasseurs à traquer leurs proies, et tend à perdre de vue son propos initial, hésitant entre la morale délicieusement réac du survival pur jus, et le pamphlet féministe contourné mais rageur. Ce sont cette énergie et cette ambiguïté qui font toute la valeur du film, peut-être le plus radical et le plus jouissif de son auteur.
A l'heure où un cinéaste relativement anodin comme Michael REEVES fait l'objet d'une redécouverte enflammée et quelque peu excessive (son meilleur film, Le Grand inquisiteur, est largement surestimé et ne possède ni l'intelligence historique ni la beauté plastique du film "concurrent" sur l'inquisition, La Marque du Diable), il serait bon de se pencher sur le cas de cet autre wonder boy anglais qu'est COLLINSON, dont la filmographie d'une extrême cohérence est infiniment plus stimulante que celle de REEVES (Fright, Straight on Till Morning et La Nuit de la peur méritent une sérieuse révision), et dont la vie ne fut pas moins agitée.
Un mot sur le casting de cette Chasse sanglante : un vrai rêve de "bissophiles" ! Peter FONDA, John Phillip LAW et l'immense Richard LYNCH (l'un des "méchants" les plus fascinants des années 70/80) forment le trio d'abjects yuppies malmemant l'excellent Alberto De MENDOZA (le moine Pujardov de Terreur dans le Shangaï-Express, le roi d'Espagne de La Folie des grandeurs) et la trop rare Cornelia SHARPE. Ajoutons que William HOLDEN fait une apparition brève mais fondamentale.
Hadopiser en VHSRip et V.F. (nouveaux liens) :
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Gay subtext ?...
Cours, lapin, cours !...
merci pour ce film
RépondreSupprimerJoh Philip Law est souvent sur ce blog cher BB. Article très intéressant qui donne envie de voir le film.
RépondreSupprimerExcellent!! Merci beaucoup.
RépondreSupprimer@ MAD WILL : C'est le fruit du hasard... Je n'ai pas d'attachement particulier pour ce comédien (qui était quand même bien sympathique en interviews), mais il se trouve qu'avec un talent limité, il a joué dans une multitude de films que j'aime beaucoup.
RépondreSupprimer@ persons & cesar : My pleasure...
Un grand merci pour cette chasse
RépondreSupprimerUn film très rare que je cherchais depuis longtemps. J'ai adoré! A nouveau merci bbjane!
RépondreSupprimerLe lien semble mort ! Sniff.......
RépondreSupprimer@ Cosmoland : Je le réactiverai sitôt rentrée à mon domicile, en début de semaine prochaine...
RépondreSupprimerMerci bcp bcp bcp. Ca va me rappeler ma jeunesse et mes vieilles VHS de chez René Chateau !
RépondreSupprimerUn bon film un super blog merci beaucoup bonne continuation!
RépondreSupprimeril y a un repack ou un liens de telechargement prevu merci ????
RépondreSupprimerBonjour bbjane, un reupload est-il possible? Merci.
RépondreSupprimerBonjour! Est-ce que c'est possible de publier d'autres liens pour télécharger ce film? Car les liens d'ici ne marchent pas. Merci!
RépondreSupprimerhoula les derniers commentaires datent...bon aller voila un lien trouvé sur la toile qui fonctionne encore: https://uptobox.com/wuhl9337nnkm
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